APPEL À CONTRIBUTION
Nous appelons les jeunes chercheurs aussi bien que les chercheurs confirmés à nous envoyer leurs propositions avant la date limite fixée pour le 30 avril 2025, pour contribuer à ce numéro spécial autour de la pensée rationnelle de Jacques Bouveresse et de Christiane Chauviré, deux symboles, avec beaucoup d’autres bien-sûr, de la philosophie analytique d’expression française, en tant qu’elle se déploie notamment par le biais de la logique, de la philosophie du langage et de l’esprit scientifique. Nous sollicitons d’abord des contributions se situant sur un plan biographique et historique : quel était en France et dans les années 60, 70 et 80 le rapport de la logique et du travail épistémologique à la constitution du type de rationalité défendu par Jacques et Christiane ? En quel sens peut-on tenir compte de l’influence remarquée de Bouveresse sur le parcours de Chauviré et sur sa découverte de Wittgenstein ? Cette influence serait-elle restreinte à la compréhension des thèses obscures de Wittgenstein notamment dans le Tractatus ou irait-elle, par-delà les complexités du philosophe viennois, vers d’autres confins esthétiques, littéraires, sociaux, aussi bien que politiques ?
Nous apprécierons toute étude qui nous donnera des éléments biographiques éclairants sur ces points et sur d’autres relatifs à cette grande et profonde amitié philosophique entre Jacques et Christiane. En quel sens peut-on affirmer que nos deux philosophes, Jacques et Christiane, défendaient un type de rationalité logique en philosophie ? Quelles seraient les marques de cette rationalité par le bais de la théorie logique et des sciences, qui s’était développée aux antipodes d’autres formes de rationalité ou d’irrationnalité philosophiques ? Sur ce type bien particulier de rationalité, étaient-ils, Jacques et Christiane, en dialogue, directement ou à travers leurs élèves respectifs ? Peut-on dévoiler quelques points de désaccord entre eux sur ce thème majeur de la philosophie analytique ? Serait-il possible de discerner sur des points déterminants, le style de Bouveresse de celui de Chauviré ? Quels étaient leurs rapports au postmodernisme, au structuralisme, et à la psychanalyse ? Étaient-ils tombés sous le charme de Wittgenstein dans les mêmes termes ? Quels était leur rapport à Derrida, à Foucault, à Deleuze, et à Barthes ? Ces derniers avaient-ils lu Bouveresse ? Deleuze avait-il lu Wittgenstein ? Malgré les affirmations de David Lapoujade, fervent disciple de Deleuze, Bouveresse nous dit que ce n’était pas le cas, tout en affirmant qu’il reste, lui, proche de Derrida sur la question de la signification. Y a-t-il une relation entre la déconstruction et la position de la philosophie comme thérapie, héritée de Wittgenstein ? Le Mythe de l’intériorité s’inscrivait-il dans le même registre que celui de la mort du sujet et de l’homme ? Qu’en pense Chauviré ? Ce type de rationalité logique chez les deux serait-il lui-même en dialogue avec des considérations sociologiques et politiques à la lumière notamment de leur relation privilégiée avec le projet sociologique de Pierre Bourdieu ? Dans ce contexte, une sociologie de la philosophie selon le style de Jean-Louis Fabiani s’impose, notamment dans ses analyses des parcours des philosophes analytiques dans la société française. Toute contribution qui tente de faire dialoguer la pensée de Bouveresse et de Chauviré, sous l’influence de Wittgenstein, avec celle de Bourdieu ou d’autres sociologues ou anthropologues serait appréciée : cette mise en dialogue peut porter sur la façon de comprendre et de lire Wittgenstein, mais aussi sur d’autres questions cruciales qui scrutent l’horizon général de la pensée analytique, dans ses facettes logiques aussi bien qu’épistémologiques, en philosophie. Scruter le rapport de Bouveresse et de Chauviré à la question métaphysique dans sa double acception viennoise et heideggérienne serait une tâche fortement appréciée : où placer nos deux philosophes analytiques français, précisément sur cette question, entre les heideggériens, les adeptes de l’empirisme logique et les déconstructionnistes ? Et dans ce contexte, à quel point seraient-ils prêts à endosser ou rejeter, avec ou contre G-G Granger, une forme de connaissance philosophique dans laquelle la notion de vérité jouerait un rôle difficile à éliminer ? Nous apprécierons toute étude qui reviendrait sur le type de rapport entretenu par Jacques et Christiane à la littérature, au cinéma, à la peinture et aux arts de façon générale. Tous deux avaient écrit de beaux textes sur la musique, sur Valery, Bouveresse sur Musil, mais avaient-ils écrit sur la peinture, par exemple, et s’étaient-ils intéressés au Cinéma dans les termes d’une sorte d’esthétique wittgensteinienne ?
Merci de nous envoyer vos propositions sous Word avant le 30 avril 2025 à l’adresse suivante :
revuealmukhatabat@gmail.com
Les langues acceptées sont l’arabe, l’anglais et le français.
4 avril 2025
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